Manifeste

 

Le patrimoine écrit et graphique des bibliothèques est le fruit d’une accumulation raisonnée ou hétéroclite, où tous les supports, tous les domaines, toutes les périodes, toutes les langues, tous les producteurs et productrices se côtoient.
Ce patrimoine n’a rien d’uniforme.
Il est par définition multiculturel et divers.
Il est autant international que national et local.
Il est aussi un matrimoine.

Ce patrimoine est constitué de documents qui alimentent la réflexion et non l’image figée d’un passé idéalisé. C'est un ensemble de sources à interpréter et non un réservoir de témoins d’une pensée unique.

Ce patrimoine n’est pas immobile, achevé, il est toujours en construction et reflète les changements de la société qui le produit, dans le temps et l'espace.

Ce patrimoine n’a pas d’usagers naturels, il peut et doit parler au plus grand nombre pour peu que les bibliothécaires sachent le transmettre et aller vers toutes et tous.

Ce patrimoine n’est pas qu’un monde intimidant, il est aussi un cadre qui rassure par sa richesse, la curiosité qu’il assouvit et toutes les racines, parfois inattendues, qu’il préserve. 

Il est l’un des lieux où la Torah, la Bible et le Coran cohabitent sereinement à côté de la Physique d'Aristote, de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, de Les Mots et les choses de Michel Foucault, des poèmes de François Villon ou de La Recherche du temps perdu.

Ce patrimoine ne s’oppose pas à la création, il peut en être l’inspiration, l’écho, le miroir ou l’écrin.

Ce patrimoine relève de notre responsabilité collective. Il est la mémoire d’une nation, mosaïque de toutes celles et ceux qui l’ont forgé, participant ainsi du patrimoine universel. Il est le fruit d’une lente construction faite de socles successifs, divers, opposés parfois, il est ici et maintenant, issu du passé (plus ou moins lointain) mais tourné vers l’avenir, il est autant l'esprit français que celui de l'autre et de l'ailleurs.